6 mars 2025 - 03:00
IQDHO
Vers une croissance optimale des thuyas en champ grâce à la fertigation
Par: Journal GTA
Exemple de fertigation. Photo : IQDHO.

Exemple de fertigation. Photo : IQDHO.

Il est maintenant évident que les changements climatiques ont un impact majeur sur l’agriculture et le secteur de l’horticulture ornementale en plein champ n’y échappe pas. Concrètement, les changements climatiques représentent des défis majeurs pour les producteurs qui devront s’adapter rapidement et modifier leurs pratiques actuelles.

La gestion de l’azote dans le sol en est un exemple, notamment par l’intensification des événements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses prolongées et les pluies torrentielles. Ces phénomènes affectent la disponibilité en eau et l’efficacité des engrais conventionnels, rendant nécessaire l’adoption de stratégies de gestion plus précises.

En horticulture ornementale, la production de thuyas est appréciée notamment pour leur esthétique et leur rusticité, toutefois, elle nécessite des quantités élevées d’engrais azoté (environ 150 kg d’azote par hectare). Afin d’assurer une croissance optimale en production, il est d’autant plus important d’améliorer la fertilisation tout en minimisant les pertes de nutriments dans l’environnement.

L’équipe de recherche de l’IQDHO s’est intéressée davantage à cet enjeu avec son projet de « Évaluation de la fertigation dans la culture de thuyas en champ – IA221719 ». Cette étude récente, réalisée sur deux ans, a démontré que l’efficacité de la fertilisation, qu’elle soit granulaire, par fertigation ou hybride, dépend fortement des conditions de pluviométrie. En période de sécheresse et de faible humidité, la fertigation offre un avantage, car elle favorise la percolation de nitrate jusqu’à la rhizosphère des thuyas. En revanche, dans des conditions de sol humide, la fertilisation granulaire se révèle plus performante, grâce à une diffusion progressive et une solubilisation plus lente.

L’étude menée par l’IQDHO a également analysé l’effet des doses et des méthodes d’application de l’azote sur la croissance des thuyas. Les résultats indiquent que la hauteur des thuyas n’est pas significativement influencée par la dose d’azote (0 vs 150 kg N/ha) ni par la méthode d’application (granulaire, fertigation ou hybride). En revanche, une dose de 150 kg d’azote par hectare a un impact positif sur le diamètre du tronc et la qualité générale des thuyas. Bien que la fertigation ait permis une amélioration de l’assimilation de l’azote, selon les analyses foliaires, cet avantage n’a pas encore conduit à des gains de croissance mesurables à court terme. À plus long terme, l’optimisation des pratiques de fertigation pourrait néanmoins entraîner des améliorations notables en termes de croissance et de qualité des thuyas.

À noter qu’il a aussi été observé que les thuyas âgés de trois ans (environ 3 pieds de hauteur) concentrent leur activité racinaire dans les 30 premiers centimètres du sol. Cette information est essentielle pour maximiser l’efficacité des apports nutritionnels, favoriser une gestion durable des fertilisants et limiter les pertes par lessivage.

Par ailleurs, les pratiques actuelles d’apport massif d’engrais azotés en trois fractions (50 kg de N/ha/an), souvent réparties entre mai, juin et juillet, ne garantissent pas une disponibilité suffisante en azote durant toute la saison de croissance, qui s’étend de mai à octobre au Québec. Les suivis des concentrations en nitrates dans le sol ont révélé des déficits critiques en azote à certaines périodes de la saison de croissance des thuyas, en fonction des précipitations.

Pour répondre à ces défis, cette étude recommande l’adoption d’une fertilisation dynamique. Cette méthode repose sur des apports fréquents et progressifs, ajustés en fonction des concentrations en nitrates dans le sol, du rythme de croissance des thuyas et des conditions climatiques, notamment les précipitations. Cepndant, des recherches complémentaires seront nécessaires pour perfectionner cette stratégie et maximiser ses bénéfices pour les producteurs.

Ce projet est financé par l’entremise du Programme Innov’Action agroalimentaire en vertu du Partenariat canadien pour l’agriculture, entente conclue entre les gouvernements du Canada et du Québec.

Pour des informations supplémentaires sur le projet :
IQDHO. Rapport final du projet IA221719, Évaluation de la fertigation dans la culture de thuyas en champ, Réza Némati et coll., 2025, 60 p.

L’IQDHO, l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, est un centre d’expertise unique au Québec. Pour plus de détails sur l’institut voici nos coordonnées :

3230 rue Sicotte, Bureau E-307
Saint-Hyacinthe, QC J2S 2M2
info@iqdho.com

Par Katie Blondeau, agr., conseillère en serriculture, IQDHO
Projet de recherche dirigé par Réza Némati, Ph. D., chercheur en pratiques culturales,IQDHO

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