16 octobre 2025 - 03:00
IRDA
Un SHOC pour la valorisation du fumier de poules pondeuses
Par : Journal GTA
Photo : IRDA

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L’IRDA a développé un nouveau procédé, appelé Système d’hygiénisation par oxygénation contrôlée (SHOCMD), permettant d’obtenir un compost hygiénisé et désodorisé à partir de résidus organiques fermentescibles d’origine agricole, notamment le fumier de poules pondeuses (FPP), qui peut être avantageusement utilisé comme fertilisant ou comme amendement organique des sols.

Le cœur du procédé est un bioséchoir qui exploite la chaleur dégagée par les microorganismes naturellement présents dans le FPP lorsqu’ils respirent l’oxygène (activité aérobie) et dégradent la matière organique.

Lorsque la période la plus chaude du procédé est atteinte (phase thermophile du compostage), la température augmente généralement au-delà de 55 °C, permettant l’hygiénisation du produit en détruisant les agents pathogènes, tout en contribuant à la réduction des odeurs. Cette chaleur favorise également le séchage de la matière en accélérant l’évaporation de l’eau contenue dans le fumier, jusqu’à un niveau optimal pour son utilisation comme fertilisant ou amendement.

Des résultats concrets à la ferme

Un récent projet mené par Denis Potvin, chargé de projet en valorisation des sous-produits à l’IRDA, a permis d’optimiser les paramètres clés du procédé (débit d’air, humidité, temps de séjour) appliqué au FPP. Les essais ont démontré la faisabilité et confirmé le potentiel de la technologie.

En parallèle, l’équipe Fertilité des sols et nutrition des cultures de l’IRDA, dirigée par la chercheure Christine Landry, a démontré que le SHOCMD permet de réduire la teneur en eau du FPP d’environ 40 % tout en préservant l’intégrité de ses éléments nutritifs.

Autrement dit, le contrôle précis du débit d’air au cours du traitement favorise une activité microbienne optimale : les microorganismes décomposent et transforment la matière organique de façon efficace tout en minimisant les pertes de nutriments.

À l’inverse, un compostage traditionnel entraîne souvent des pertes plus importantes en raison de températures et de durées de traitement difficilement maîtrisées.

Le procédé SHOCMD a également permis de faire chuter l’indice de stabilité de la matière organique (ISMO) de 28,2 % à 17,9 %, ce qui indique une matière plus facilement biodégradable. Couplé à une hausse marquée du C labile. En d’autres termes, le produit obtenu agit davantage comme un engrais que comme un amendement et sera plus stimulant pour les sols: il libère plus rapidement ses nutriments une fois incorporé au sol, améliorant ainsi la disponibilité immédiate des éléments fertilisants pour les plantes tout en conservant une bonne qualité organique.

Un levier d’économie circulaire

En procédant au bioséchage du FPP, le produit obtenu est stable et facilement commercialisable dans un système de distribution locale, permettant d’optimiser l’utilisation des ressources et de réduire la dépendance aux intrants externes. Un autre projet de l’IRDA, mené par le chercheur Patrick Brassard de l’équipe d’Ingénierie des sous-produits, évalue actuellement, avec une approche similaire, l’efficacité de l’utilisation du SHOCMD pour le traitement et la valorisation des résidus de cultures végétales.

La valorisation du FPP en un produit à valeur ajoutée pour l’horticulture ou la production en serre, dans un système où les résidus de culture pourraient être eux-mêmes bioséchés et transformés en alimentation animale, permettrait ainsi une deuxième boucle d’économie circulaire intégrée!

Le procédé SHOCMD constitue donc une technologie polyvalente et innovante, répondant aux enjeux actuels. Il offre des solutions concrètes pour une gestion optimisée des sous-produits agricoles, tout en favorisant une production durable, circulaire et respectueuse de l’environnement.

Par Vincent Pelletier, ingénieur, agr., Ph.D., directeur adjoint, R&D, et Christine Landry, agronome, Ph.D., chercheure en fertilité des sols et nutrition des cultures

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