12 juin 2025 - 03:00
L’état de chair, gage de rentabilité | Partie 2 : Impact sur votre entreprise et stratégies gagnantes

Comme présenté dans la première partie de l’article en avril dernier, un score moyen de 3 à 3,5 représente un état de chair idéal pour un troupeau de vaches de boucherie. Il est recommandé d’évaluer l’état de chair des vaches aux périodes suivantes : de 60 à 90 jours avant le vêlage, au moment du vêlage et au sevrage. Mais qu’en est-il lorsque le score visé n’est pas atteint?

CONSÉQUENCES D’UNE VACHE TROP MAIGRE OU TROP GRASSE

Température corporelle

La température critique inférieure (TCI) change en fonction de l’état corporel de la vache et des conditions météorologiques. Plus l’état de chair de l’animal est élevé, mieux il supportera les baisses de température. Par exemple, une vache avec un état de chair de 2,5 a une TCI de -3 °C, tandis qu’une vache avec un état de chair de 3 a une TCI de -10 °C. Concrètement, la vache ayant un état de chair de 2,5 devra consommer 8 % plus d’énergie pour maintenir sa température corporelle que celle dont l’état de chair est à 3. Il lui faudra beaucoup plus d’énergie pour se réchauffer si elle est exposée aux vents ou à la boue, ou si son pelage est mouillé.

Reproduction

Les entreprises visent à avoir un veau par vache annuellement. Les vaches doivent concevoir dans les 80 jours suivant le vêlage pour qu’il y ait un intervalle de 365 jours entre les mises-bas. Le tableau 2 montre le lien entre l’état de chair et plusieurs facteurs liés aux performances reproductives et à la productivité. Les vaches plus maigres au vêlage ont un taux de gestation plus faible et un intervalle de vêlage plus long.

La condition des vaches au vêlage a également une incidence sur la performance laitière, la santé et la vigueur du veau. Elles ne doivent être ni trop minces, ni obèses. Une vache maigre au vêlage fournit un colostrum de qualité inférieure et produit moins de lait. Les veaux sont alors plus légers, donc moins de livres de veau sont vendues.

À l’inverse, les vaches qui ont un bon état de chair au vêlage, soit 3 à 3,5, ont plus d’immunoglobulines dans leur colostrum et, par conséquent, assurent une meilleure protection de la santé des veaux.

Dans le cas des vaches obèses, on observe une augmentation des dystocies et du coût d’entretien, la réduction du taux de conception et la perte de mobilité des vaches.

Pour ce qui est du taureau, il doit avoir un état de chair de 3 à 3,5 avant la saison de reproduction. Un taureau actif peut perdre de 100 à 200 lb pendant cette période. L’évaluation de son état de chair est alors primordiale pour déterminer si on doit ajuster son alimentation ou s’il faut revoir le nombre de vaches mises à la reproduction. S’ils sont trop maigres ou trop gras pendant la saison de reproduction, les taureaux sont moins actifs, ce qui peut réduire le succès de la reproduction.

STRATÉGIES D’ALIMENTATION POUR UN BON ÉTAT DE CHAIR

Pour les vaches avec un état de chair inférieur à 3, il est recommandé de modifier le programme d’alimentation pour y inclure une supplémentation (fourrages de meilleure qualité et grains) au moins 90 jours avant le vêlage. L’analyse des fourrages est importante en vue de connaître leur apport en énergie, en protéines et en minéraux. Ainsi, on peut adapter l’alimentation aux besoins de la vache.

Il est possible de regrouper les vaches selon leur état de chair pour les nourrir en fonction de leurs besoins. À titre d’exemple, trois groupes peuvent être formés :

1- les vaches matures en bonne condition (3 à 3,5)

2- les taures gestantes et les taures à leur 2e veau

3- les vaches maigres ou âgées (2,5 et moins)

Dans le cas où il y aurait moins d’aliments disponibles, vous pouvez sevrer plus tôt les veaux des vaches qui ont un faible état de chair.

Il se peut que les vaches dominantes ingèrent une part plus importante de la ration. Il faut alors s’assurer de diminuer la compétition entre les vaches. Pour ce faire, chaque vache doit avoir un espace à la mangeoire de 75 cm. Certains conseillers recommandent 9 m entre les points de service (abreuvoir, mangeoire, minéraux) afin de laisser une bonne distance entre elles. Pour optimiser l’ingestion de la matière sèche fournissez une eau de bonne qualité et en quantité suffisante accessible à moins de 250 m de l’abreuvoir.

Vous devez également vérifier la dentition des vaches de 10 ans et plus afin de vous assurer qu’elles sont capables d’ingérer suffisamment d’aliments selon leurs besoins. Une vache avec une mauvaise dentition aura tendance à moins manger et donc à être plus maigre.

Amélioration de l’alimentation et du confort par temps froid

En hiver, les stratégies d’alimentation doivent être revues pour que la ration offre plus d’énergie. Il est recommandé d’avoir un état de chair de 3,5 à l’automne.

Afin de minimiser l’incidence du temps froid sur l’état de chair des troupeaux, il est essentiel de fournir un environnement adéquat aux bovins. La présence de brise-vent comme une ligne d’arbres ou une structure artificielle réduit l’effet de refroidissement du vent. De plus, une litière abondante et sèche pour l’aire de couchage gardera les bovins propres et secs et évitera les engelures. Un pelage mouillé n’a aucune valeur isolante.

Références :

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GADBERRY, Shane. Feeding Beef Cows Based on Body Condition Scores, publication MP373, University of Arkansas, [Fichier PDF], s. d. www.uaex.uada.edu/publications/pdf/MP373.pdf

HERD, Dennis B., et L. R. SPROTT. Body Condition, Nutrition and Reproduction, Agrilife extension of Texas A&M University, [En ligne], s. d. https://beefskillathon.tamu.edu/body-condition-nutrition-and-reproduction/

JOHNSON, Mark Z. « Body Condition Scoring and Paying Attention to the Seven Percent », dans Drovers, [En ligne], septembre 2024. www.drovers.com/news/beef-production/body-condition-scoring-and-paying-attention-seven-percent?mkt_tok=ODQzLVlHQi03OTMAAAGVnrkxhiIy4-OBivErMDtYK-Ego3boj-HpNk0hn6RV6VOa-jZcyn-jI5iTaHQCWQvgyaKu-wn0mLrfDE5le-ngIwea4umjfDEBdDeWIV4QyWwlrcUlfA

JOHNSTON, Bethany, Karla H. WILKE et Mary DREWNOSKI. « Managing Cows Through Cold Stress », dans Drovers, [En ligne], décembre 2024. www.drovers.com/news/beef-production/managing-cows-through-cold-stress?mkt_tok=ODQzLVlHQi03OTMAAAGXeLnQNHwCCN6V5Tg_xEZVxVtYRN9wpFfoSbc188YhNPhc-OD5lMGT-QatmyGDhmVZ70KvvszqaR0VLq2uyXB5R5CGVM7V-4lUfEv4N1jeonLJmSWEyw

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