6 février 2025 - 08:00
Le sous-solage, comment le réussir?
Par: Marie-Eve Bernard
Sur la photo de gauche, on peut observer un sol argileux compacté entre 26 et 30 cm, où très peu de racines parviennent à descendre sous la zone de compaction. Sur celle de droite, on voit le même sol après le semis de cultures de couverture et le sous-solage. On observe maintenant que les racines peuvent pénétrer sous la zone compacte. Pour obtenir ce résultat, les pattes de la sous-soleuse devraient descendre à 10 cm sous la zone de compaction et être espacées de 1,5 fois la profondeur de travail. Photo : MAPAQ

Sur la photo de gauche, on peut observer un sol argileux compacté entre 26 et 30 cm, où très peu de racines parviennent à descendre sous la zone de compaction. Sur celle de droite, on voit le même sol après le semis de cultures de couverture et le sous-solage. On observe maintenant que les racines peuvent pénétrer sous la zone compacte. Pour obtenir ce résultat, les pattes de la sous-soleuse devraient descendre à 10 cm sous la zone de compaction et être espacées de 1,5 fois la profondeur de travail. Photo : MAPAQ

Le sous-solage nécessite du temps et une bonne planification. Mais au fait, qu’est-ce que le sous-solage? C’est une opération qui permet de briser et d’éclater une zone compacte en profondeur dans le sol, souvent en dessous de 30 centimètres (12 po). Cela permet à l’eau, à l’air et aux racines de passer plus librement dans le profil de sol. Ces zones de compaction sont créées par un passage répété d’équipements agricoles dont la charge à la roue dépasse 3,5 tonnes. La grande majorité des citernes à lisier, des épandeurs à fumier, des batteuses et des voitures à grains dépassent ce seuil et peuvent même atteindre jusqu’à 10 tonnes par roue.

Par où commencer?

L’étape la plus importante de cette opération est le diagnostic : il faut alors creuser un profil de sol. Pour garantir le succès de la démarche, on doit savoir où se trouve la zone compacte pour s’assurer de passer le bon équipement à la bonne profondeur. Par exemple, si les pattes de la sous-soleuse défoncent jusqu’à 35 centimètres de profondeur alors que la compaction se trouve à 40 centimètres, le problème persistera, puisque l’eau et l’air vont tout de même rester coincés à 35 centimètres. À l’inverse, si les pattes de la sous-soleuse descendent jusqu’à 35 centimètres alors que la compaction affecte la zone de 10 à 15 centimètres du sol, le travail sera excessif et risquera d’endommager inutilement la structure du sol en profondeur.

Déterminer les zones à sous-soler

Il importe de savoir quelles zones du champ sont compactées. Il est assez rare que l’entièreté d’un champ le soit. Pourquoi travailler en profondeur des zones intactes? Mieux vaut dresser un portrait assez complet des zones problématiques dans un champ, faire des profils de sol et ne travailler que les zones qui en ont réellement besoin.

Utiliser de l’équipement adapté

Lorsque la profondeur et les zones à travailler ont été établies, on doit trouver le bon équipement pour décompacter. Une sous-soleuse n’est pas un équipement avec de nombreuses séries de pattes, de disques et de rouleaux. Idéalement, elle est munie d’une barre de tir comportant 1 à 5 pattes, les plus droites possibles. Les pattes arrondies ont tendance à faire sortir plus de roches et remonter plus de sol à la surface. On vise une puissance équivalente à environ 60 HP par patte de sous-soleuse. Donc, si l’équipement utilisé est muni de 5 pattes, le tracteur devrait être équipé d’un moteur d’environ 300 HP.

Au moment de passer la sous-soleuse, le sol doit être sec à la profondeur du travail visé. Il faut sortir à nouveau sa pelle et s’assurer que l’on ne fera pas de lissage en profondeur.

Semer des cultures de couverture avant le sous-solage … hein? (oui, oui!)

Une fois la zone éclatée, on ne doit pas écraser le sol avec d’autres équipements. Le sous-solage doit donc être la dernière opération de l’année dans le champ. Le choix des cultures de couverture à implanter est primordial. Elles doivent avoir une croissance rapide et un système racinaire profond pour en peu de temps occuper les espaces créés par le sous-solage.

Afin de réussir son sous-solage, on doit laisser un minimum de 6 à 8 semaines de croissance à la culture de couverture pour permettre aux racines d’explorer en profondeur. Une fois implantées, les racines stabilisent les craques, améliorent la structure et empêchent les espaces entre les agrégats de se refermer. Lorsque la culture de couverture sera détruite, les racines déjà en place maintiendront la porosité dans le profil, assurant donc une voie privilégiée pour les prochaines racines. Le travail effectué aura ainsi un effet bénéfique à plus long terme. Ce même canal créé par la racine assurera également une meilleure infiltration de l’eau, donc une meilleure résilience aux périodes de fortes pluies.

Ultimement, le but est de sous- soler un champ seulement une fois dans sa vie. En effet, en améliorant ses pratiques culturales (réduction de la charge à la roue, réglage adéquat de la pression des pneus, implantation de cultures intercalaires et de cultures de couverture à la dérobée dans la rotation, amélioration de la rotation commerciale), la porosité créée devrait perdurer. La présence de racines durant la période de croissance est un allié important pour éviter de se retrouver avec les mêmes problèmes de compaction quelques années après avoir effectué tout ce travail.

image