Par où commencer?
L’étape la plus importante de cette opération est le diagnostic : il faut alors creuser un profil de sol. Pour garantir le succès de la démarche, on doit savoir où se trouve la zone compacte pour s’assurer de passer le bon équipement à la bonne profondeur. Par exemple, si les pattes de la sous-soleuse défoncent jusqu’à 35 centimètres de profondeur alors que la compaction se trouve à 40 centimètres, le problème persistera, puisque l’eau et l’air vont tout de même rester coincés à 35 centimètres. À l’inverse, si les pattes de la sous-soleuse descendent jusqu’à 35 centimètres alors que la compaction affecte la zone de 10 à 15 centimètres du sol, le travail sera excessif et risquera d’endommager inutilement la structure du sol en profondeur.
Déterminer les zones à sous-soler
Il importe de savoir quelles zones du champ sont compactées. Il est assez rare que l’entièreté d’un champ le soit. Pourquoi travailler en profondeur des zones intactes? Mieux vaut dresser un portrait assez complet des zones problématiques dans un champ, faire des profils de sol et ne travailler que les zones qui en ont réellement besoin.
Utiliser de l’équipement adapté
Lorsque la profondeur et les zones à travailler ont été établies, on doit trouver le bon équipement pour décompacter. Une sous-soleuse n’est pas un équipement avec de nombreuses séries de pattes, de disques et de rouleaux. Idéalement, elle est munie d’une barre de tir comportant 1 à 5 pattes, les plus droites possibles. Les pattes arrondies ont tendance à faire sortir plus de roches et remonter plus de sol à la surface. On vise une puissance équivalente à environ 60 HP par patte de sous-soleuse. Donc, si l’équipement utilisé est muni de 5 pattes, le tracteur devrait être équipé d’un moteur d’environ 300 HP.
Au moment de passer la sous-soleuse, le sol doit être sec à la profondeur du travail visé. Il faut sortir à nouveau sa pelle et s’assurer que l’on ne fera pas de lissage en profondeur.
Semer des cultures de couverture avant le sous-solage … hein? (oui, oui!)
Une fois la zone éclatée, on ne doit pas écraser le sol avec d’autres équipements. Le sous-solage doit donc être la dernière opération de l’année dans le champ. Le choix des cultures de couverture à implanter est primordial. Elles doivent avoir une croissance rapide et un système racinaire profond pour en peu de temps occuper les espaces créés par le sous-solage.
Afin de réussir son sous-solage, on doit laisser un minimum de 6 à 8 semaines de croissance à la culture de couverture pour permettre aux racines d’explorer en profondeur. Une fois implantées, les racines stabilisent les craques, améliorent la structure et empêchent les espaces entre les agrégats de se refermer. Lorsque la culture de couverture sera détruite, les racines déjà en place maintiendront la porosité dans le profil, assurant donc une voie privilégiée pour les prochaines racines. Le travail effectué aura ainsi un effet bénéfique à plus long terme. Ce même canal créé par la racine assurera également une meilleure infiltration de l’eau, donc une meilleure résilience aux périodes de fortes pluies.
Ultimement, le but est de sous- soler un champ seulement une fois dans sa vie. En effet, en améliorant ses pratiques culturales (réduction de la charge à la roue, réglage adéquat de la pression des pneus, implantation de cultures intercalaires et de cultures de couverture à la dérobée dans la rotation, amélioration de la rotation commerciale), la porosité créée devrait perdurer. La présence de racines durant la période de croissance est un allié important pour éviter de se retrouver avec les mêmes problèmes de compaction quelques années après avoir effectué tout ce travail.