GTA : Détaillez-nous la mission et les informations de base du regroupement.
Michèle Laberge : Agricultrices de la Montérégie Est, affiliée à l’UPA, compte environ 125 membres. C’est la branche qui compte le plus grand nombre d’adhérentes par rapport aux quelque 825 recensées pour tout le Québec. Le recrutement demeure l’une des priorités pour faire avancer la cause féminine en agriculture, car pour l’heure, le nombre d’adhésions s’avère bas par rapport au nombre d’agricultrices recensées par l’UPA. Nous travaillons sur différentes manières de convaincre les femmes que l’union fait la force. Notre gala annuel, Reconnaissance aux Agricultrices de la Montérégie Est, continue de mettre en avant les réussites féminines.
GTA : Le regroupement sera aussi présent lors de l’Expo agricole de Saint-Hyacinthe.
M.L. : Oui, le 29 juillet, la 36e édition de l’événement Soirée Reconnaissance – cocktail dînatoire sera tenue pour clore la Journée Expo. Encore une fois, il s’agit de reconnaître les efforts et la détermination des femmes actives en agriculture dans notre région. Cela leur permet de se démarquer dans un contexte loin d’être évident, avec seulement 4 à 5 % d’entreprises agricoles à propriété uniquement féminine, et environ 20 % de femmes copropriétaires. La balance se présente comme des conjointes d’agriculteurs qui n’ont aucune part dans l’entreprise. C’est encore trop peu, tout ça.
Mais, des événements tels que le nôtre permettent une mise en lumière, une reconnaissance publique. Cela s’impose quand on apprend que l’atteinte de l’équité en matière de revenus (des exploitantes agricoles gagnant des revenus moyens équivalents à ceux des exploitants masculins) ajouterait 5 G$ à la contribution de l’agriculture au PIB.
GTA : Mais vous offrez aussi beaucoup d’outils permettant aux femmes de se protéger financièrement, d’aller chercher des parts de propriété légalement.
M.L. : Effectivement. On leur offre la possibilité d’aller rencontrer gratuitement des spécialistes : avocat, notaire, fiscaliste, conseiller agricole, médiateur, etc. Quand on pense que la cotisation de membre est de 45 $ par année, on comprend vite les bénéfices que les femmes peuvent en tirer. Une seule rencontre peut faire toute la différence et aider l’entreprise, le conjoint et la famille. Les femmes doivent prendre leur place de manière officielle.
Même constat pour ce qui est de notre accompagnement visant à intégrer les agricultrices au sein de conseils d’administration de syndicats locaux. L’intérêt de cette démarche est encore plus important en ce qu’elle intègre des femmes qui ne sont pas nécessairement propriétaires ou copropriétaires. Les conjointes d’agriculteurs sont acceptées. À travers cette initiative, l’UPA permet aux femmes de développer des compétences, de réseauter, de stimuler la participation à des instances décisionnelles. À noter : notre programme de mentorat contribue aussi à cette dynamique d’accompagnement, d’apprentissage.
LA TECHNOLOGIE, UNE AMIE?
GTA : L’intégration des technologies numériques de pointe et de l’intelligence artificielle dans le monde agricole peut-elle être perçue comme une alliée pour les agricultrices, en ce qu’elle élimine une bonne partie du travail physique rude traditionnellement associé à l’homme? Ce qui, possiblement, pourrait abattre un obstacle persistant dans le cadre du démarrage d’une entreprise à propriété féminine?
M.L. : Oui, sans aucun doute. De plus en plus d’agricultrices détiennent des formations collégiales et universitaires, qui intègrent ces enseignements technologiques. Le processus de transformation numérique n’est pas pour tous les budgets d’entreprise, mais tout est en cours. Les agricultrices se sentent près de ces technologies et désirent les utiliser pour améliorer la performance de l’entreprise.