La planification stratégique permet tout d’abord de clarifier les objectifs à long terme de l’entreprise et de définir sa vision. Elle offre une direction et un cadre de travail qui guideront l’entreprise tout au long de son existence. Elle évite de se perdre dans les détails du quotidien ou de s’éparpiller en poursuivant des occasions d’affaires qui ne sont pas alignées sur ses objectifs.
Les risques auxquels sont exposées les entreprises agricoles sont nombreux. Une planification stratégique permet d’identifier ces menaces et de développer des stratégies pour les atténuer. Elle propose aussi des mécanismes d’adaptation, comme la diversification des activités, l’adhésion à des assurances agricoles ou encore l’adoption de pratiques culturales plus résilientes.
Comme les ressources sont souvent limitées en phase de démarrage, une bonne planification stratégique permet de les maximiser. On peut optimiser les processus de production, identifier les sources de financement appropriées et la gestion des coûts pour améliorer la rentabilité.
Une telle planification permet aussi de s’ajuster aux tendances du marché et d’aligner ses objectifs en ce sens. On peut penser à l’accroissement de la demande pour les produits biologiques, aux changements dans les habitudes alimentaires des consommateurs ou aux exigences accrues en matière de pratiques durables. Cela contribue à maintenir une compétitivité à long terme, en ajustant la production, les canaux de distribution et la proposition de valeur.
Les étapes clés d’une planification stratégique
La première étape est de définir la vision et la mission. La vision est l’objectif à atteindre à long terme, tandis que la mission explique le rôle à jouer pour y parvenir. Ces éléments doivent être clairs, concis et motivants.
Exemple : pour une entreprise qui se spécialise dans la culture de légumes biologiques, sa vision pourrait être de « devenir le principal fournisseur de légumes biologiques dans la région » et sa mission, de « produire des légumes frais, de haute qualité, respectueux de l’environnement, tout en soutenant l’agriculture durable ».
Par la suite, il y a lieu de faire une analyse FFPM (forces, faiblesses, possibilités, menaces) pour mieux comprendre la situation interne et externe de l’entreprise et identifier :
– Les forces (ex. : expertise technique, terres agricoles de qualité, accès à des subventions ou à du financement);
– Les faiblesses (ex. : manque de notoriété sur le marché, ressources financières limitées);
– Les possibilités (ex. : croissance de la demande pour des produits biologiques, accès à de nouveaux marchés);
– Les menaces (ex. : augmentation du nombre d’événements climatiques extrêmes, réglementations actuelles et à venir).
Cette analyse permet d’élaborer des stratégies qui misent sur les forces, tout en minimisant les faiblesses. Une fois cette étape terminée, il est temps de définir des objectifs clairs et mesurables. Ceux-ci doivent être alignés sur la mission et la vision et peuvent cibler divers domaines : la production, la rentabilité, les parts de marché, l’innovation, la durabilité, etc.
Exemples d’objectifs :
– Augmenter la production de 10 % d’ici 5 ans;
– Réduire les coûts de production de 5 % en adoptant des technologies plus efficaces;
– Élargir la part de marché en nouant des partenariats avec des distributeurs locaux;
– Obtenir la certification biologique d’ici 3 ans.
Une fois les objectifs définis vient le moment de mettre au point des stratégies pour les atteindre. Elles peuvent inclure la mise en place de nouvelles pratiques agricoles, l’acquisition d’équipements, le lancement de campagnes de marketing, ou encore l’exploration de différents canaux de distribution. Une approche intégrée qui combine à la fois des solutions à court terme et des perspectives à long terme est essentielle pour garantir la croissance de l’entreprise.
Quand les objectifs et les actions sont définis, la rédaction du plan d’action peut commencer. Ce document décrit en détail les actions à entreprendre pour mettre en œuvre les stratégies choisies. Il inclut des informations sur les ressources nécessaires (financement, personnel, équipements), le calendrier d’exécution et les responsables de chaque tâche. Il permet de s’assurer que chacune des étapes du processus stratégique sera exécutée efficacement et dans les délais impartis.
Les suivis et l’évaluation sont cruciaux pour que l’entreprise reste sur la bonne voie et adapte sa stratégie si nécessaire. Cela implique de définir des indicateurs clés de performance comme la rentabilité, la croissance des ventes, la réduction des coûts, etc. Des réunions régulières peuvent permettre de détecter des écarts et de prendre des mesures correctives en temps utile.
Enfin, il faut garder en tête que la stratégie doit être flexible et évoluer en fonction des résultats obtenus et des nouvelles informations. Si certaines actions ne mènent pas aux résultats attendus, ou si l’environnement du marché change, il faut ajuster ses objectifs et ses actions.
En résumé, la planification stratégique est un incontournable pour toute entreprise agricole en démarrage. Elle lui permettra de naviguer efficacement dans un secteur dynamique, en constante évolution, et contribuera à sa réussite à long terme.
Par Kim Després, conseillère en relève et démarrage, Direction régionale de la Mauricie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)