Parmi les différentes opérations de traitement de la sève d’érable, le rejet de certaines eaux usées pourrait présenter un risque élevé de pollution en raison d’un pH hors des limites réglementaires. Il s’agit notamment des eaux contenant des traces de produits chimiques, comme les savons acides et basiques, utilisés pour l’entretien du concentrateur et de l’évaporateur. Lorsqu’une diminution du débit de filtration est observée au cours de la période de concentration, un nettoyage des membranes devient nécessaire. L’utilisation de savons fortement acides ou basiques est alors requise, et ces derniers peuvent se retrouver dans les eaux usées après l’opération. La réglementation la plus récente exige un pH compris entre 6 et 9,5 pour un rejet sans risque de contamination environnementale.
Un projet financé par le ministère de l’Alimentation et des Pêcheries (MAPAQ) se termine actuellement à lnstitut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). Une première phase de caractérisation, réalisée chez plusieurs producteurs en conditions d’exploitation, a permis d’obtenir un portrait global des différents paramètres des eaux usées acéricoles. Un protocole expérimental a été développé en laboratoire, puis testé par la suite à grande échelle en conditions d’opération dans les érablières. Ces étapes ont permis de développer une procédure de neutralisation pour traiter adéquatement les eaux usées avant leur rejet dans l’environnement.
L’outil de calcul NeutrEau a notamment été conçu pour estimer la quantité de neutralisant nécessaire à la neutralisation des eaux de lavage et de rinçage du concentrateur, qu’elles soient basiques, acides ou en mélange. L’outil effectue ce calcul en fonction des paramètres du savon utilisé (type, composition et quantité), du volume du filtrat, de la conductivité électrique de la solution de lavage et du type de neutralisant.
Pour accompagner les producteurs dans l’implantation du traitement des eaux usées, l’IRDA a collaboré avec le Centre ACER à la production d’infofiches. Un guide sur les bonnes pratiques de gestion des eaux de lavage et de rinçage acéricoles sera également disponible sous peu sur le site Internet de l’IRDA.
Par Heidi Pascagaza, professionnelle de recherche en ingénierie des infrastructures agricoles
Par Stéphane Godbout, chercheur en ingénierie des infrastructures agricoles