La saison a connu un départ hâtif dans bien des régions avec des températures de jour comme de nuit qui se sont réchauffées rapidement. Voici ce qui a retenu l’attention du RAP en 2024.
Et la pluie dans tout ça?
Les pluies abondantes apportées par les restes de l’ouragan Debby au mois d’août dernier et les précipitations des semaines suivantes ont entraîné des conséquences sur les productions agricoles. La carotte est l’une des cultures qui ont été les plus affectées. Dans certaines zones des champs, l’excès d’eau a causé de l’asphyxie racinaire et a entraîné le développement de maladies fongiques. Ces problèmes peuvent faire en sorte que les carottes soient invendables aux consommateurs en raison de la pourriture ou de la moins grande durée de conservation.
Les insectes ont eux aussi bénéficié des températures chaudes
Cette année, la teigne du poireau a donné du fil à retordre à bien des entreprises et des conseillers. Les générations de ce papillon se sont succédé rapidement et la période d’activité a été plus longue. Il a donc parfois été difficile de déterminer les bonnes périodes de traitement pour cibler les chenilles qui s’alimentent. Alors que la teigne du poireau produit généralement trois générations au Québec, une quatrième génération, très courte, a été observée dans quelques sites plus au sud de la Montérégie durant la saison 2024. Les données récoltées grâce au réseau de piégeage provincial seront étudiées cet hiver pour mieux comprendre le comportement de l’insecte pendant cette saison chaude.
La chrysomèle à quatre bandes (Poecilocapsus lineatus), aussi appelée « punaise à quatre lignes », est un insecte moins commun qui a été observé dans le poivron. Elle y a fait quelques dommages en se nourrissant des feuilles. Cet insecte ne cause habituellement pas la mort du plant, mais il diminue sa croissance. Les lésions sur les plants peuvent également servir de porte d’entrée aux pathogènes et entraîner des problèmes.
Les scarabées japonais adultes, quant à eux, ont causé des défoliations dans certaines cultures, dont l’aubergine. Des interventions localisées ont été nécessaires là où les filets d’exclusion ne sont pas utilisés. Cet insecte est présent principalement en Montérégie et en Estrie. Il a aussi été observé, au cours des dernières années, dans les Laurentides et dans la région de la Capitale-Nationale. Son aire de répartition semble s’élargir. Il est donc important d’apprendre à le reconnaître afin de protéger rapidement les cultures en sa présence, par exemple à l’aide de filets d’exclusion.
Une autre surprise a été la présence d’aleurodes sous les tunnels et en champ. Ce petit insecte friand de tomates et d’aubergines fait partie des ravageurs régulièrement observés en serre. Il n’est cependant pas habituel de le retrouver en champ ni même sous les tunnels. L’équipe du RAP a avisé la clientèle de la présence de cet insecte et des mesures à prendre par l’entremise des avertissements.
Des maladies observées dans les cultures
Des dizaines de maladies sont surveillées par l’équipe du RAP chaque saison. Deux d’entre elles ont retenu l’attention cette année en raison de leur présence nouvelle ou de leur incidence potentielle.
Premièrement, le mildiou de la pomme de terre a causé bien des dommages dans les cultures de pommes de terre et de tomates au cours des deux dernières années et a été sous haute surveillance au cours de la saison 2024. Un premier cas a été confirmé cette année le 14 août, soit plus tard comparativement au 25 juillet en 2023. Un communiqué du type alerte a été publié le jour même pour aviser de la présence de la maladie, recommander un dépistage plus serré des champs et faire des recommandations préventives pour éviter sa propagation. La maladie a causé moins de dommages qu’en 2023.
Il est important de savoir que le mildiou ne concerne pas uniquement les producteurs commerciaux de tomates et de pommes de terre. Tous les jardiniers doivent se sentir concernés par la situation. On peut mettre de l’avant des mesures comme la bonne gestion des résidus de culture, le choix de cultivars résistants ou l’espacement adéquat des plants, dès la planification du jardin, pour limiter la présence et la propagation de cette maladie.
La deuxième maladie sous le radar a été la tache plectosporienne dans les cucurbitacées. Elle a été observée au Québec pour la première fois en 2009. Cette maladie apparaît toutefois de façon plus fréquente depuis quelques années. Elle se développe en conditions pluvieuses. Les citrouilles et les courgettes sont les espèces les plus sensibles à cette maladie. Il est recommandé d’effectuer une rotation d’au moins deux ans sans citrouille ni courgette dans les champs où des cas ont été observés.
Mais qu’est-ce que le RAP?
Coordonné par la Direction de la phytoprotection du MAPAQ, le RAP a pour mission de surveiller les ennemis des cultures du territoire agricole. Il informe les producteurs agricoles, les conseillers et les autres intervenants du secteur de la présence et de l’évolution des ennemis des cultures dans leur région. Il propose également les stratégies d’intervention les plus appropriées dans un contexte de gestion intégrée des ennemis des cultures. Le RAP peut compter sur l’expertise de plusieurs agronomes, dont plus d’une dizaine dans les directions régionales de la Montérégie et du Centre-du-Québec.
Plusieurs types de communiqués sont publiés par le RAP pour informer les producteurs au cours de la saison estivale :
Seulement pendant la saison 2024, pas moins de 146 avertissements et 3 alertes ont été émis pour le secteur maraîcher.
Comment recevoir les publications du RAP?
Il est possible de vous inscrire gratuitement pour recevoir les communiqués du RAP. Pour vous abonner ou en savoir plus, consultez le site Internet du MAPAQ au www.mapaq.gouv.qc.ca/rap.
Eve Abel
Agronome, conseillère en horticulture maraîchère, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)