5 Décembre 2024 - 03:00
production avicole
700 000 pondeuses de plus depuis janvier 2023, selon Sylvain Lapierre, de la FPOQ
Par: Journal GTA
La Fédération des producteurs d’œufs du Québec (FPOQ) représente plus de 200 producteurs d’œufs répartis sur l’ensemble du territoire québécois. S’élevant à plus de 6 millions de poules pondeuses, la production annuelle totalise plus de 1,8 milliard d’œufs. L’objectif de cette production : répondre à la demande des consommateurs d’ici. L’objectif de cette entrevue : faire le point sur l’industrie avec Sylvain Lapierre, président de la FPOQ.

GTA : Fin 2024, à combien se chiffre l’allocation d’unités de quota? Quels sont les pronostics pour les prochaines années?

Sylvain Lapierre : Présentement, l’allocation provinciale est de 6 402 403 unités. Le secteur a connu de belles hausses au cours des deux dernières années. La croissance observée de 2014 à 2019 a, bien sûr, connu une certaine stagnation pendant les années de pandémie. Mais il n’y a pas eu de recul, il y a eu des réajustements, et les activités ont repris à pleine capacité. En janvier 2023, l’industrie a connu une hausse de 136 000 pondeuses. En janvier 2024, 287 000 de plus et, en septembre 2024, 277 000 autres ont été ajoutées. Tout ça est très positif pour la filière. Lorsqu’une nouvelle allocation est annoncée, on parle d’environ 18 mois avant que la production en tant que telle débute. En ce qui a trait aux pronostics, bien que le taux de consommation soit bon, un léger ralentissement dans les allocations est possiblement à prévoir vu la mise en production des récents ajouts de quotas. Il faut toujours rester vigilant et éviter la surproduction.

GTA :Y a-t-il du nouveau du côté de la lutte face à la grippe aviaire? Quelles sont les dernières nouvelles à ce sujet?

S.L. : Actuellement, le Québec ne recense aucun cas. À l’échelle canadienne, six cas sont actifs en Colombie-Britannique et un autre en Saskatchewan. On en compte plusieurs aux États-Unis. Tout le monde demeure vigilant. Aux États-Unis, le principal effet lié à la baisse drastique de production est celui qui affecte directement le prix à la consommation.

GTA : Comment se déroule le processus ayant trait au prolongement volontaire du cycle de ponte?

S.L. : Ça va bien. On note environ 50 % des producteurs qui s’orientent vers des lots de 12 mois. La Fédération accompagne ces derniers en leur rappelant que ce prolongement ne doit pas se faire au détriment de la qualité des œufs. Des tests de qualité sont menés à la fois à la ferme et dans les postes de classement au moyen d’une machine spécialement dédiée au calcul de la force de la coquille et à l’analyse de la qualité interne. Il faut mentionner que la plupart des producteurs sont en mesure de passer en formule 13, 14 ou 15 mois. Il faut simplement y aller par étapes, question de bien stimuler la ponte par les meilleures méthodes possibles..

GTA : Qu’en est-il des prolongements de lots des éleveurs de poulettes?

S.L. : Eux ne bénéficient pas de prolongement puisque les poulettes commenceront la ponte au terme de 19 semaines, mais le prolongement du cycle effectué par les producteurs d’œufs vient chambouler un peu la stabilité des producteurs de poulettes. Lorsque ce dernier, qui produit habituellement deux lots par année, est associé à un producteur d’œufs, c’est moins compliqué, mais quand il collabore avec un producteur d’œufs au cycle de 12 mois et avec un autre au cycle de 13 mois, il devient difficile de poursuivre après un ou deux ans. Il doit donc trouver un autre producteur. La Fédération offre une plateforme de maillage pour répondre à ce besoin de même que des intervenants sur le terrain qui aideront à mettre les intéressés en relation.

Politique(s) et marchés

GTA : Quel est le constat au sujet du projet de loi C-282 à l’étude par le Sénat canadien? Il y a quelques jours, le Bloc québécois était d’avis que des sénateurs bloquaient l’adoption de son projet de loi C-282 visant à protéger la gestion de l’offre. La possibilité d’une élection fédérale prochaine a-t-elle une incidence sur son cheminement?

S.L. : Oui, cela aura une incidence. On sait que certains sénateurs ne voient pas ce projet de loi d’un bon œil. Un projet qui a pourtant reçu l’aval de tous les chefs de partis, qui a été accueilli par 80 % des députés et qui a été présenté deux fois en chambre. Comment ces sénateurs pourraient-ils le refuser? On croit qu’ils vont tenter de proposer ñdes amendements. Le comité sénatorial se réunira le 6 novembre [l’entrevue a été réalisée le 4 novembre, NDLR] pour décider de la marche à suivre. S’il y a des amendements, tout devra repasser par le processus du vote des députés et tout, ce qui nécessite beaucoup de temps. Et comme une élection se tiendra probablement au printemps, obtenir la sanction royale pourrait être long. Il s’agit d’une première historique : jamais le Sénat n’a refusé un projet de loi ayant fait consensus.

GTA : Comment se portent la relève et le programme d’aide au démarrage de producteurs dédiés à la vente directe?

S.L. : Le programme va bien. Il doit être bien évalué, selon différents aspects. Oui, l’été, c’est plus facile de vendre ses œufs, l’hiver, souvent moins. La meilleure entrée est peut-être de débuter avec un peu moins de poules, mais de vendre tous ses œufs. La surproduction, surtout d’un produit périssable comme l’œuf, peut jouer de mauvais tours. Il est préférable de créer une certaine rareté, de se créer un marché et de conserver son prix. Selon plusieurs producteurs, l’engouement pour la vente directe, qui a connu un sommet pendant la pandémie, serait un peu retombé. Cela dit, la plupart des producteurs qui désiraient démarrer la production ont pu le faire.

GTA : On le sait, la plupart des vaccins contre la grippe et le vaccin antigrippal en vaporisateur nasal sont fabriqués à partir d’œufs. Ce marché est-il en croissance?

S.L. : Présentement, le marché vaccinal n’est plus en croissance. Depuis la fin de la pandémie, on observe que les gens en ont assez de se faire vacciner, et qu’il en résulte donc une baisse de la demande. De plus, la technologie aidant, les pharmaceutiques sont en mesure de produire davantage à partir d’un seul œuf qu’avant. Il y a 33 % moins de pondeuses dédiées à l’industrie vaccinale en 2024. On parle de décroissance.

GTA : Le bien-être animal est au cœur du code de pratique publié en 2017. Depuis cette date, quels sont les changements survenus et ceux prévus pour 2025?

S.L. : Le code est en vigueur, tous nos producteurs le respectent et tous ont migré ou sont en processus de migration vers la formule volière et liberté. Le Québec mène à l’échelle canadienne en ce sens. Par exemple, la nouvelle norme de mangeoire, récemment passée de 2,66 pouces carrés à 2,88 pouces carrés par pondeuse, a été rapidement respectée. La FPOQ accompagne ses membres et s’assure de la diffusion de l’information.

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