La pyrolyse est le procédé par lequel on produit le biochar. Cela consiste à limiter l’apport d’oxygène et, par conséquent, à empêcher que la matière soit complètement brûlée et transformée en cendres. À la fin du processus, il reste environ 50 % du carbone initial, mais la forme chimique est grandement modifiée, ce qui confère au biochar des particularités uniques. Malgré le coût élevé de ce produit et la difficulté d’en obtenir en grande quantité, voici pourquoi vous n’avez pas fini d’en entendre parler.
Effets positifs sur les cultures
Les bienfaits du biochar sur les plantes sont plus marqués dans les sols ayant une faible capacité d’échange cationique, souvent des sols sableux. Avec l’application de biochar, le sol retient mieux l’eau et les éléments nutritifs. La biomasse microbienne du sol augmente et l’eau s’infiltre mieux. Contrairement à d’autres intrants agricoles, son effet sur les sols et les plantes dans la première année est moins important, mais dure de nombreuses années.
Persistance dans le sol
Le biochar reste actif plus longtemps dans le sol que tout autre intrant agricole. Aucun autre intrant agricole n’a d’effet aussi durable dans le sol que l’ajout de biochar. En guise d’exemple, les sols terra preta de l’Amazonie sont encore aujourd’hui plus fertiles et riches en carbone même si leur enrichissement en biochar remonte souvent à plus de 1000 ans.
Grâce à la pyrolyse, une forte proportion des atomes de carbone ne sont plus dégradables par les organismes du sol. Cette catégorie de composants appelée « inertinite » est la forme de composés organiques la plus stable retrouvée dans la croûte terrestre. On en retrouve naturellement dans certains sols qui ont subi des feux de forêt. D’ailleurs, une nouvelle étude révèle que 76 % des biochars commercialisés s’apparentent à de l’inertinite pure. Les auteurs suggèrent que leur demi-vie correspondrait à des millions plutôt qu’à des milliers d’années.
Méthode d’élimination du dioxyde de carbone (CO2)
La production et l’utilisation de biochar comme amendement du sol est une méthode d’élimination du CO2 reconnue par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un rapport de 2022. L’organisme note aussi la propriété du biochar de réduire les pertes de protoxyde d’azote (N2O) provenant des sols cultivés, de diminuer les pertes d’azote et d’abaisser les émissions de gaz à effet de serre (GES) des composts amendés. En 2023, c’est le procédé qui a éliminé la plus grande quantité de GES par rapport à l’ensemble des méthodes reconnues.
Résilience face aux aléas climatiques
Le biochar aide les plantes à mieux résister aux périodes de sécheresse grâce à sa capacité à retenir l’eau, à favoriser un meilleur développement racinaire et à atténuer les effets négatifs des conditions extrêmes. Il devient donc un atout précieux dans un contexte où les précipitations connaissent des fluctuations de plus en plus marquées.
Augmentation du nombre de publications scientifiques sur le biochar
La composition de ce produit varie, ce qui peut être vu comme un obstacle à son utilisation. En effet, la matière traitée, la méthode choisie, la température et la durée de la pyrolyse influencent toutes ses caractéristiques. Par contre, un nombre grandissant d’études scientifiques permettent de mieux comprendre cette variabilité et de s’y adapter. Une revue des bases de données de publications scientifiques effectuée entre 2013 et 2023 a révélé une croissance annuelle moyenne de 13,6 % du nombre de projets de recherche concernant le biochar, à l’échelle mondiale.
Nouvelle usine de production au Québec
En mai 2025, l’usine Carbonity a été inaugurée à Port-Cartier. Elle produit annuellement 10 000 tonnes de biochar et prévoit tripler son volume de production en 2026, ce qui en fait la plus importante en Amérique du Nord. Le Québec ne manque pas de résidus ligneux sous-utilisés, lesquels finissent souvent par pourrir ou brûler, libérant ainsi du dioxyde de carbone ou du méthane dans l’atmosphère. Il reste à voir si d’autres entreprises adopteront ce modèle à grande échelle et quels usages agricoles en découleront.
Essais pour l’amendement des sols
Des producteurs commencent à faire des projets d’essais comparatifs à la ferme pour mieux comprendre et suivre les effets du biochar sur les propriétés des sols et des cultures. Ces essais permettent de se familiariser avec ce type particulier d’amendement des sols, à moindre coût. C’est une pratique qui cadre bien avec le Plan d’agriculture durable, puisqu’elle a le potentiel de contribuer à plusieurs des objectifs poursuivis.
Si le sujet vous intéresse, vous pouvez trouver une abondante documentation sur Internet. Des organismes et des producteurs agricoles de nombreux pays s’intéressent à cette nouvelle pratique agricole, et pas seulement des chercheurs. L’épandage de biochar comme amendement de sols agricoles sur de grandes surfaces est déjà une réalité aux États-Unis, en Chine et en Allemagne. Si vous cherchez plus de références ou d’informations, n’hésitez pas à me contacter à l’adresse ghislain.poisson@mapaq.gouv.qc.ca.