Le mildiou est causé par un pseudo-champignon de la famille des Oomycètes du genre Peronospora. En 2023 et 2024, les conseillers de l’IQDHO ont remarqué une augmentation des cas de cette maladie, spécialement sur les basilics et les coléus, qui représentaient 70 % des observations dans les serres.
Connaître notre agent pathogène
Les spores de ce micro-organisme germent lorsque l’humidité relative est au-dessus de 85 % dans la serre ou lorsqu’il y a de l’eau libre sur le feuillage. Le pseudo-champignon affectionne particulièrement les températures fraîches et la noirceur, conditions que l’on retrouve pendant la nuit. La maladie se propage via les courants d’air, les travailleurs, les outils, ou par les éclaboussures d’eau. Des relâchements de spores importants se produisent généralement le matin, lorsque l’humidité relative s’abaisse subitement, après une période d’humidité prolongée.
Manifestation du pseudo-champignon sur le basilic et le coléus
On observe une coloration anormale sur les feuilles. Un jaunissement ou une décoloration pouvant être contenus entre les nervures apparaissent d’abord sur les feuilles médianes du plant. Attention, il est facile à ce stade de confondre les symptômes du mildiou avec des symptômes de carences en éléments nutritifs. Autre signe, la croissance du plant s’en trouvera affectée. Les taches progresseront en nécroses et il y aura courbure des feuilles en cuillère. Lorsque l’humidité est élevée, un duvet composé de spores se formera sous le feuillage. Ce duvet peut être de couleur brune ou grise.
S’en suivra une défoliation, empêchant la commercialisation des plants.
Quelle recette utiliser pour lutter contre ce pseudo-champignon ?
Premièrement, il faut savoir qu’agir en prévention c’est la clé !
Voici la recette à suivre :
– Offrir à la plante les conditions optimales (conditions de croissance, état nutritionnel, santé du substrat et agents biostimulants) ;
– Rendre l’environnement défavorable au mildiou :
– Diminuer le taux d’humidité relative le matin et le soir ;
En chauffant la serre avec une légère ventilation ou avec des séquences de chauffage suivies de ventilation ;
– Éviter les excès d’eau au départ ;
– Irriguer tôt pour permettre au feuillage de sécher avant la nuit ;
– Élever la température de nuit pour limiter la condensation sur les plants de basilics et coléus et favoriser leur métabolisme ;
– Choisir des cultivars moins sensibles à la maladie ;
Pour le coléus, noter les cultivars qui sont les plus affectés dans vos conditions et faire des essais avec d’autres cultivars, surtout si la problématique est récurrente ;
– Choisir un fournisseur de semences réputé : certains fournisseurs offrent des semences de basilic thermotraitées, ayant été soumises à un traitement de chaleur par vapeur, ce qui détruit le pathogène et minimise les risques de contamination ;
– Interventions phytosanitaires préventives ou curatives : différents modes d’action des produits doivent être utilisés en rotation pour éviter la résistance du pseudo-champignon. Et les premières applications doivent se faire aux moments de la saison où le risque d’infection est élevé. Pour établir un programme de prévention et de lutte contre le mildiou, qui soit économique et respectueux de l’environnement et la santé, les producteurs ont avantage à consulter un conseiller ;
– Dépister régulièrement ces deux plantes sensibles ;
– Éliminer les plants affectés par le pseudo-champignon pour éviter le relâchement des spores : placer les plants à jeter dans une poubelle fermée ou un sac plastique bien fermé.
Et si la lumière pouvait aider ?
L’utilisation de l’éclairage artificiel pourrait constituer un outil additionnel, pour les producteurs de basilic en serre, afin de lutter contre le mildiou. Des recherches ont démontré une diminution de la sporulation lorsque les plants sont soumis à des interruptions de la nuit avec certaines longueurs d’onde. Freeman Herbs, une entreprise produisant des fines herbes situées en Ontario, utilise de la lumière rouge la nuit, grâce à des DEL à spectre variable, pour limiter la sporulation du mildiou dans le basilic.
Un micro-organisme sournois
Ainsi, il est difficile de contrôler le mildiou dans le basilic et le coléus malgré de bonnes pratiques préventives. Il est aussi difficile à détecter. De plus, la météo peut parfois favoriser le développement de cette maladie cryptogamique dans la serre.
En suivant la recette proposée, nous mettons les chances de notre côté pour « cuisiner » suffisamment notre ingrédient malveillant pour le prévenir ou l’affaiblir, afin que la culture évolue dans les meilleures conditions possibles !
L’IQDHO, l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, est un centre d’expertise unique au Québec. Pour plus de détails sur l’institut, voici nos coordonnées :
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Par Florence Carrier, agronome, et Roxane Babin, agronome