12 juin 2025 - 03:00
Les biostimulants : des alliés à mieux comprendre
Par : Myriam Ouardani
Photo : MAPAQ

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Poudre de perlimpinpin ou nouvel intrant à l’efficacité véritable? Les biostimulants intéressent par leurs propriétés qui améliorent la croissance, la résilience et la qualité des plantes.

Malgré les débats qu’ils suscitent depuis leur arrivée sur le marché, ils méritent d’être plus longuement observés au champ par des scientifiques pour que les agriculteurs tirent mieux avantage de leur usage. Il faut savoir que leur popularité augmente et qu’ils répondent à la demande croissante du marché en produits naturels, mais les opinions sur leur efficacité restent partagées.

Une classe d’intrants à part

Comme leur nom l’indique, les biostimulants stimulent les processus naturels bénéfiques dans la plante. Ils se distinguent donc des engrais et des pesticides, puisqu’ils ne nourrissent pas directement la plante et qu’ils n’agissent pas non plus comme remède à une maladie. Par conséquent, les biostimulants se classent à part : la fonction de ces intrants est de fortifier des processus naturels déjà présents dans la plante.

Substances complexes ou inoculants microbiens, les biostimulants se divisent en trois catégories :

a) inorganiques : substances minérales non nutritives;

b) microbiens : microorganismes comme les mycorhizes;

c) organiques : extraits de végétaux ou d’algues, hydrolysats de protéines, acides humiques et fulviques, polysaccharides (chitosane et autres) ou molécules simples bioactives (enzyme, vitamine, antioxydant).

Leur statut dans le monde

Celui-ci varie selon les régions. Au Canada, la Loi sur les engrais de l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) régit leur utilisation et les classe comme suppléments, alors qu’en Europe, les biostimulants sont reconnus comme une catégorie réglementaire distincte. Sur le plan international, l’Organisation internationale de normalisation (ISO) définit les biostimulants à travers la norme ISO/TC 134, qui s’applique aux engrais, amendements et substances bénéfiques. Aux États-Unis, ces produits sont régis par le Plant Biostimulant Act de 2023.

On remarque un consensus à l’international : les biostimulants se distinguent des pesticides et des engrais. Ils sont définis par leurs fonctions ou, en d’autres termes, selon les objectifs agronomiques visés.

Selon le règlement (UE) 2019/1009 du Parlement européen :

[Un biostimulant est] un produit qui stimule les processus de nutrition des végétaux indépendamment des éléments nutritifs qu’il contient, dans le seul but d’améliorer une ou plusieurs des caractéristiques suivantes des végétaux ou de leur rhizosphère :

a) l’efficacité d’utilisation des éléments nutritifs [ex. : amélioration de l’efficacité du système racinaire ou de l’utilisation des nutriments dans la plante];

b) la tolérance au stress abiotique [ex. : meilleure tolérance à la sécheresse ou au froid];

c) les caractéristiques qualitatives [ex. : valeur nutritionnelle ou calibre];

d) la disponibilité des éléments nutritifs confinés dans le sol ou la rhizosphère [ex. : activation de microorganismes bénéfiques dans le sol ou la rhizosphère].

De la théorie à la pratique, encore beaucoup d’ambigüité

Le potentiel des biostimulants est indéniable, comme le souligne déjà la littérature scientifique. La recherche a démontré plusieurs de leurs avantages par des tests en milieu contrôlé. Toutefois, on ne saisit pas encore tout sur leurs comportements et leurs bienfaits dans le champ. Alors, lorsqu’il s’agit d’établir le lien entre théorie et pratique, ce potentiel peut sembler moins évident. Il reste donc beaucoup de recherche et d’essais à réaliser pour que l’usage de ces intrants au champ atteigne les objectifs agronomiques visés.

On a d’abord besoin de plus de données sur les conditions d’utilisation des biostimulants : le dosage, la durée et le moment d’application, les combinaisons avec d’autres intrants, etc. C’est un défi de déterminer quelles conditions rendront le biostimulant performant malgré la variabilité des conditions au champ : type de sol, météo, pH, etc.

Ensuite, on connaît souvent mal les mécanismes physiologiques de la plante que l’on vise à stimuler avec un tel produit. De même, on connaît peu les communautés microbiennes d’un sol en particulier, et donc leurs interactions avec les biostimulants microbiens. Développer ces connaissances permettrait de mieux mesurer les bienfaits des biostimulants.

Finalement, la qualité des agents bioactifs dans les biostimulants peut aussi jouer sur les résultats attendus. Si on prend l’exemple des biostimulants à base d’algues, plusieurs facteurs influencent les effets du produit fini, comme le type d’algue, les conditions de récolte, les marées, etc.

Un avenir prometteur?

Dans les prochaines années, on peut s’attendre à ce que davantage d’instituts lancent des recherches sur le terrain. Ces recherches aideront à mieux évaluer les bienfaits des biostimulants sur une culture donnée et à établir leurs conditions d’utilisation. Il y a place au développement concernant l’encadrement des biostimulants sur le marché canadien. En Europe, un système inspirant a été mis en place pour garantir la crédibilité des biostimulants. Basé sur des standards européens harmonisés, il exige que toute revendication d’efficacité soit démontrée par des essais rigoureux, réalisée selon des protocoles standardisés.

D’ici là, ayez un regard critique sur la question et faites vos propres expériences tout en notant précisément les données liées à vos essais.

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